Rencontre au TCBY...[ Pv Laura.F ]

J'avais vraiment besoin de me changer les idées. Ou plutôt de retrouver un peu de la Californie que je venais de quitter. J'avais besoin de me replonger dans cette atmosphère à laquelle je ne m'étais jamais habitué. Retrouver ces petits bars branchés avec toutes ces filles en mini-jupes multicolors, le bruit de la circulation et des passants qui grouillaient sur le trottoir, le climat idylliqye des petites plages aux cocotiers artificiels.
Mais en Virginie du Nord, il n'y avait rien de tout cela. Sauf peut-être le TCBY, ce café si pittoresque avec ces affiches d'anciens chanteurs de rock que personne ne connaissait scotché sur les murs de briques, avec ces petites tables pompeusement décorée avec des nappes au bord de dentelle, avec les vulgaires cartes plastifiées et toutes tachées, avec la musique entraînante parfois un peu jazzy qui était diffusée en permanence.
C'est donc là que je me rendais, vêtue d'une petite robe chocolat achetée à Los Angeles, et d'une paire d'escarpin assorti que j'avais porté lors de mon bal de promo, il y avait de cela plusieurs années.
Je poussai la porte du TCBY, savourant les odeurs de café qui flottait dans l'air, et sans hésiter, me dirigeait vers ma table habituelle. Qu'allais-je prendre ? Une de ces spécialités dont je me régalais en Californie ? Un Smoothie ? Un café classique ? Un mouvement attira alors mon regard. Et m'arrêta net. Axelle. Là, assise à côté de ma table. Axelle. Que faisait-elle ici ? N'aurait-elle pas du être en train de travailler ? Je faillis lui en faire la remarque mais je me retins juste à temps, puisque ma présence en ville n'était pas non plus très honorable.

La vue d'Axelle, cette personne que j'avais voulu banir de mon esprit faillit me faire faire demi-tour. Mais elle m'avait vu. Et je ne voulais pas donner l'impression de m'enfuir. Pas moi. Pas moi et ma fierté légendaire.
Je tachai donc de me montrer pleine d'assurance et allai m'asseoir là où j'avais coutume de m'asseoir, et me saisissai de la carte, pour me donner une contenance. Néanmoins, je n'arrivai pas à lire. Les lettres dansaient sous mes yeux, et je n'arrivai pas à penser à autre chose qu'à elle. Axelle. Fallait-il enterrer la hache de guerre ? Non. Tenter d'engager la conversation ? Pourquoi pas.
Le plus sereinement possible, je me tournai vers elle, me demandant ce que je pourrai lui dire. Aucuns prétextes ne me semblaient valables.

"Salut..."

Je jetai un vague coup d'oeil à la carte, heureuse de savoir que je m'en souvenais encore par coeur. Tandis qu'une serveuse approchait, je commandais un cornet gauffré à la canelle et un douple expresso, et me retournai vers Axelle. Je détaillai sa tenue, me rendant vaguement compte qu'elle était toujours la même. Même cheveux blonds, même style vestimentaire. Mais cela n'avait pourtant rien de rassurant.
Lorsque son portable se mit à sonner, je feignis de m'intéresser à la brochure touristique qu'un client avait malencontreusement abandonné sur la table, mais je ne pus m'empêcher d'écouter la conversation. L'interlocutrice d'Axelle ne parlait cependant pas assez fort, et je restais sur ma faim.
Tandis que je m'efforçais de contempler une photographie prise dans l'Utah, je cherchai quelque chose à dire. Parler d'Heartland ? Oui, pourquoi pas. Je repensai à Cassey, la rouquine qui prétendait diriger Heartland, et puisque je n'avais pas vu Julie ce matin, je décidai de poser la question à Axelle quand à son rôle au sein du ranch.

"Axelle, je peux te poser une question ?"

La serveuse arriva avec ma commande, et je m'interrompais, savourant le goût légèrement épicé de la canelle. C'était le genre de dessert qui, en Californie, avait un succès fou, et alors que ces pensées se formulaient dans ma tête, je me demandai pourquoi, depuis mon retour, je comparais sans cesse chaque chose, chaque paysage, chaque évènement à Los Angeles.

"Hier, j'ai croisé une dénommée Cassey, dans les écuries. J'ignore son nom, ses fonctions, mais toujours est-il qu'elle a pétendu avoir repris Heartland en main. Est-ce vrai ?"

Pendant mon séjour à Los Angeles, j'avais repris mon accent de l'ouest, tout comme il y a quelques années, en revenant à Heartland diplomé d'une fameuse université du New-Jersey je prononçai mes mots avec un fort accent new-yorkais. Néanmoins, je n'étais nullement genée par les intonations anglaises de mes paroles, et je regardai Axelle, la mettant au défi de formuler le moindre reproche à mon égard.

"Oh, et ce serait aimable à toi de retransférer les chevaux en pension à Heartland dans les box sud-est. Je me susi rendu compte que quelqu'un, Cassey sans doute, avait pris la liberté de les installer dans le bloc ouest, choix particulièrement stupide puisqu'il fait face à la grand-route. Le bruit de la circulation doit être très pertubant pour les chevaux."

J'avalais bruyamment une gorgée de café, appréciant l'arôme de l'espresso, à la fois fort, fruité, de caractère. Avant mon départ en Californie, je prenais tous le temps des capuccino. Aujourd'hui, mon choix se portait soit sur des doubles espresso (jamais de simples), ou bien sur du décaféiné.


*Axelle croit que je suis la même -songeais-je en reposant ma tasse -, mais j'ai changé. Terriblement changé....*

Toujours en face de Laura, je réfléchissais...Pourquoi étais-je avec elle dans ce café ? Elle qui m'avait si violemment repoussée au moment de nos " retrouvailles " ?
Aucune idée. Elle devait penser à la Californie, à son air songeur. A vrai dire, je n'avait jamais vraiment apprécié cette endroit...Ma famille, ma vie, c'était en Virginie, mon pays. Enfin...Pas vraiment mon pays, car j'étais en fait née dans le Michigan.
Je détourna le regard, quand Laura me posa une question. Lentement, je tourna la tête vers elle.

" Oui, après ta...Hum...Fuite, Cassey a pris le relais, et Heartland lui appartient presque officiellement, sauf si le propriétaire revient au bout d'un an. Autrement dit, tu a de grandes chance de récupérer tout ce qui t'appartient...Même si Cassey est têtue, et qu'elle ne te laissera pas faire. Oui, si j'ai le temps, je remettrais les chevaux dans les box sud-ouest. "

J'avais adopté un ton plutôt froid, plutôt...Neutre.

Je restais sans bruit, à contempler une grande affiche d'un groupe de Rock vieillot. Je n'y prêtais aucun interêt, je m'en fichais même cordialement. Tout ce que je voulais, c'est ne pas regarder Laura. Ho non, je n'avais nullement peur, juste...De l'incertitude. Laura n'était pas vraiment une fille prévisible...
Je relevais mes yeux, et mes lunettes noires retombèrent sans bruit sur mon nez, cachant ainsi tout expression, tout sentiment. C'était comme si je pouvais voir sans être vue. En soupirant lentement, je reposais mon regard sur Laura. Elle n'avait pas changé physiquement, certes, mais moralement...Sûrement. Enfin, c'était toujours et sûremen

Je hochai lentement la tête, commençant à comprendre ce qui m'avait semblé incompréhensible. Cassey...Je repensai à la jeune femme, tentant de me figurer ses cheveux rous retenus en queue de cheval, sa culotte d'équitation grise, son air méprisant. Etait-ce vraiment elle qui avait repris Heartland, l'oeuvre de ma mère ? Une parfaite inconnue ?
J'avais lentement une gorgée d'expresso, le regard posé sur la brochure touristique pompeusement intitulée "All your Dreams are in Utah !" [tous vous rêves sont dans l'Utah]. Néanmoins, mes pensées restaient centrées sur Cassey et sur Axelle.
Axelle. Je tournai légèrement la tête, juste pour apercevoir son expression, son visage masqué par des lunettes noires. Des lunettes noires. Tout le monde en portait, à Los Angeles. Gens connus, parfaits inconnus, gens riches, gens sans domiciles fixes...Personne ne faisait exception. Les raisons étaient sans doute différentes, mais nul doute que personne ne tenait à se faire connaître. J'avais d'ailleurs étudié ce sujet, au cours d'un exposé de psychologie lorsque j'avais repris des études de médecines. Le titre était basique "Pourquoi vouloir disparaître". En revanche, je me souvenais avec précision de mon professeur, un jeune homme du vingtaine d'années avec qui j'avais eu une brève relation.
D'un geste las, je remuai ma cuiller dans mon cornet gauffré, me demandant pourquoi je repensai à tout cela. Pour tout dire, j'étais bien incapable de dires si mon acharnement à vivre dans le passé venait de mon incapaciter à m'adapter à un nouvel environnement ou bien à causes des déboires de ma vie amoureuse. Sans doute un peu des deux.

La voix d'une chanteuse que je reconnaissais comme étant Taylor Swift emplit alors le café, et je décidai de profiter de cette occasion pour le changer les idées. Comment ? Aucune idée, mais peut-être que me concentrer sur les paroles d'"Our Song" m'aiderait.
A moins que je ne parle avec Axelle. Mais de quoi ? Du temps qu'il faisait ? Des balades que j'avais faites en Californie ? Cela ne l'intéresserait sans doute pas, et je n'avais guère envie de parler avec une...une fille qui...Une fille qui avait saccagé ma vie. Si elle n'avait pas été là, je serai heureuse, mariée, peut-être mère, j'aurai de l'argent, une réputation, un travail qui me plairai, des amies. Je serai peut-être partie habiter dans l'Utah, ou dans l'Ohio, à moins que je ne retourne à New-York, ville de mes premiers amours. J'aurai retrouvé Samantha, Lucy, autant de personnes chères qui comptaient à mon coeur. J'aurai confié Heartland à Julie, tout aurait été parfait.

Je détournai la tête, refusant qu'Axelle voit les larmes que je savais être là, toutes proches, prêtes à couler librement sur mes joues. Je pensais à ce qu'aurait pu être ma vie si elle n'avait pas été là. Un bonheur simple, un bonheur vraie. Axelle...Retournant violemment la tête de son côté, je lui lançai un regard haineux, violent, comme jamais cela ne m'était arrivé. Je la détestais. Elle était la faute de tous mes malheurs. La responsable de cette histoire.

"J'espère que tu éprouves au moins un sentiment de culpabilité..."

Les mots méchappèrent. Mais je ne les regrettais pas. Ils étaient teintés de mépris, d'ironie, d'arrogance, de sarcasme, d'insolence, d'irrespect, de sadisme, de cynisme. Exactement ce que je ressentais. Et qu'Axelle méritait d'entendre...

Ça y est, Laura l'avait dit. Elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle croyait qu'elle allait me vexer, me blesser ? Et bien elle avait complètement tort. Elle devait sûrement penser que j'étais une fille fragile...Là encore, elle se trompait. Après la phrase qu'elle venait de prononcer, je le regarda dans les yeux, mes yeux eux-mêmes pétillants de rage, un sourire ironique aux lèvres. J'avais réussi à la pousser à bout. Longtemps, je la regarda dans les yeux. Ses yeux si froids, si vides, impassibles. Triste. Mais qu'est-ce que j'en avait à faire ?! Cette fille ne faisait plus partie de ma vie, elle y était même exclue. Je la haïssait. Elle qui avait gâché ma vie, elle qui avait tué l'homme que j'aimais...L'homme avec qui je m'était mariée, avec qui j'aurais pu vivre ma vie, avec des enfants. J'aurais pu vivre heureuse, tout simplement. Mais le malheur a été que je croise la route de Laura...Un peste. Je me souviens...Jack m'avait demandé la première en mariage. Jack était plus souvent avec moi. Il m'aimait plus.Je concentra mon regard sur mon café. Maintenant, j'avais autre chose à faire que des rester plantée là, tel un piquet en attente d'une amitié soudaine. Je me leva donc, toujours avec un sourire ironique, et regarda Laura d'un aire de défi :

" Pfff....Quel manque de tact. Ha, ho fait, tu est rouge brique. "

Je poursuivi mon chemin, en riant. Cette fille était vraiment influençable...

Ce fut à mon tour d'éclater de rire ! Jamais mon visage n'avait été moins rouge que maintenant ! Axelle était vraiment la pire des imbéciles !
Je lui jetais un regard hautain et méprisant, souriant ironiquement, et je me levais, moi aussi, exhibant mes jambes fines et par la même occasion mon bronzage californien. Tentant de maîtriser le fou rire qui s'emparait de moi, je m'approchai du comptoir du TCBY et déposai un billet de vingt dollars devant une serveuse, la sommant de garder la monnaie. Il faut dire que j'avais amassé une petite fortune lors de mon séjour à Los Angeles, et dépenser bingt dollars ne constituait rien, pour moi.

Un miroir de style baroque été accroché près de la sortie. Repensant au propos d'Axelle, et même si je connaissais parfaitement l'état de mon visage, je jetai un coup d'oeil à mon reflet. Ma peau était légèrement halé, mes yeux couleur noisette pétillait. Mes cheveux, que l'iode et le soleil avaient éclaircis tirait désormais sur le blond, mais cela m'allait à ravir.
Attrapant une paire de lunettes noires, non pour faire concurrence à Axelle mais plus par habitude, je la suivais hors du TCBY, ne voulant pas la laisser partir sans lui avoir lancer une réplique cinglante.

"Au fait, Axelle, bonne chance pour ton rendez-vous ! Comment s'apelle-t-il déjà ? Keith ?"

Moqueur, ironique, méprisant. Moqueur. Voilà comment je venais de prononcer ces quelques mots.
Sans laisser le temps à Axelle de répondre, je montais dans ma voiture, un énorme pick-up Toyota Tundra Noir, le genre de voiture avec laquelle on peut frimer à Los Angeles et qui passe très bien en Virginie, malgré les sièges en cuir.
Je résistai à l'envie de regarder Axelle dans le rétroviseur, me contentant de remettre un peu de rouge à lèvres, et me demandai comme elle allait réagir en apprenant que je connaissais le nom de son petit ami. Peut-être que, comme d'habitude, elle se comporterait en gentille petite fille, ne réagirait pas, et se dirait que ce que j'avais dit ne l'atteignait pas. A cette pensée, j'éclatais de rire. Un rire mauvais. Axelle était prévisible. Axelle n'était qu'une pauvre idiote...

Pfff....Vraiment hilarant ! Etait-elle si idiote que ça ? Hum....Oui , il n'y avait aucun doutes !
Et si elle croyait que ses répliques étaient cinglantes, cette idiote se trompait royalement ! Je la regardais s' éloigner vers son pick up Toyota. Ce n'était pas du tout mon style. L'ignorant, je m'approcha de ma propre voiture, rouge vive, décapotable de luxe. Avec grâce et classe, je fit ma manœuvre, et plaça ma voiture près de celle de Laura, la toisant d'un regard machiavélique. Idiote jusqu'au bout des ongles, comme on dit...Elle se croyait intelligente, blessante. Mais au contraire, on aurait plutôt dit un bébé qui ne savait pas se " défendre "...
Mon moteur rugissait face à sa bagnole minable, mes lunettes était sur mon nez, je regardais au-dessus, le regard malveillant.

" En effet, il s'appelle Keith. Et toi, je suppose qu'il s'appelle...Ho, non, excuse moi, tu n'a pas de petit ami ! Ça m'étonne pas...Regarde toi en face, pétasse ! "

Je riait d'un rire méchant, malveillant, ironique, moqueur. Je détourna le regard de cette pauv' fille, et partie avec ma belle voiture vers de plus beaux horizons...Mais m'arrêta malheureusement au feu rouge, situé à 40 mètre d'où était Laura, qui était sûrement figé sur place, en train de chialer...

Je regardai Axelle et sa décapotable rouge complètement minable, éclatant moi aussi de rire. En Virginie, personne ne roulait avec ce genre de voiture, et cette imbécile ne s'était même pas rendue compte que tout le monde la regardait avec mépris, au volant de cette décapotable rouge.
Et puis sa réponse....Hilarante ! Jamais je n'avais autant ri de ma vie. Moi, pas de petit ami ? Axelle oubliait que je venais de Los Angeles...
Faisant rugir l'énorme moteur de ma voiture, qui lui, impressiona les passants sans les choquer, je rejoignais Mademoiselle la pauvre nana au feu rouge, et ouvrais ma fenêtre, histoire de mettre les choses au clair...

"Ma pauvre Axelle... Je te plains, vraiment... J'ai pitié de toi... Oui, parce que je me suis fiancée le mois dernier... Je me marie dans deux mois... J'espère que tu seras là..."

Je souriai méchamment à Axelle, me demandant comme une fille de son âge pouvait adopter un comportement aussi puéril.

"Ah, au fait...Tes insultes sont aussi minable que toi... Tu devrais vraiment réviser ton vocabulaire !"

Le feu passa alors au vert, et j'accélairai, dépassant sans peine la voiture d'Axelle puisque mon moteur était énorme comparé au sien. Malheureusement, je fus contrainte de m'arrêter au feu rouge suivant.

Je roulais avec ma voiture jusqu'au feu rouge. Passé au vert, je me gara non loin, en vitesse. J'enlevais mes lunettes noires, reposait mon sac, fermait ma voiture et me placa sur le trottoir. Je regardais Laura droit dans les yeux.

" Bon, qu'est-ce que tu veut, en clair ? Dit le, que j'ai pas à te supporter plus longtemps. "

Mon ton était sec, franc. Je n'avais pas envie d'éclater d'un rire ironiqure, ni de lancer une remarque cinglante. J'étais là, debout, et j'attendais une réponse. Le vent jouait dans mes cheveux, les faisant virevolter joliment.

Je hausai les épaules. Ce que je voulais ? C'était dur à dire. En fait non, c'était très simple ; je voulais qu'Axelle s'en aille. Qu'elle parte habiter dans le Michigan qu'elle aimait tant, qu'elle retrouve ses parents, son petit copain, mais qu'elle me fiche la paix. Une paix royale. Je ne voulais plus entendre parler d'elle. Plus la revoir. Etait-ce si dur à comprendre ?
Enlevant moi aussi mes lunettes, noir, je sortais de ma voiture. Une famille garé non loin de là m'observa avec curiosité, étonnée qu'une jeune fille tel que moi conduise un véhicule pareil. Je leur jetais un vague coup d'oeil, les deux enfants qui semblaient être occupés avec un puzzle, les parents qui grignotaient un sandwich. Sur la plaque minéralogie, CALIFORNIA. Le sort s'acharnait, mais je n'y fis pas grande attention, et me tournait vers Axelle.
Je m'adossai négligemment contre le capot rutilant de mon 4X4, appréciant la brise légère qui me rafraîchissait le visage.

"Axelle...Ce que je veux que tu comprennes, c'est que j'ai refait ma vie. Je vais me marier, j'ai retrouvé une famille, un foyer, un emploi. Je pourrai nager dans le bonheur, oui mais vois-tu, j'ai peur d'une chose ; que tu saccages à nouveau cette joie. J'ignore si tu t'en veux d'avoir détruit ma vie par le passé, mais je l'espère....."

J'inspirai profondément. Pourtant, j'étais calme. Mon comportement de tout à l'heure était puéril, sans aucun sens ni intérêt, et en ce moment même je me demandais comment moi, Laura Fleming, j'avais pu me livrer à pareilles imbécilités....

" Merci de m'avoir dit tout cela franchement, Laura. Mais, jamais tu ne poura me faire culpabiliser quoi que ce soit, car je ne vois pas ce que j'ai fait pour que tu m'en veuille. "

Mon ton n'était plus désagréable, il était neutre. Je ne voulais plus la bagarre, je ne voulais plus faire des remarques puériles et méchantes à longueur de journées. Je regardais Laura, adossée à son 4x4. Elle voulait continuer de crâner, de me narguer? A sa guise. Moi, je n'en avait plus envie....Tout ce que je voulais, c'était un minimum d'humanité, de politesse. Certes, on ne peut pas dire qu'on s'appréciait, mais...Juste un respect mutuel.

Axelle me narguait. Je le voyais bien. Même si moi, je venais de perdre mon comportement hautain et méprisant, elle, elle continuait. Grand-bien lui fasse, je m'en moquais.
Je jetais un nouveau coup d'oeil à la famille californienne. Ils étaient en train de ranger des boissons colorées dans une glacière, et les enfants remettaient avec application leur puzzle dans leur boîte cartonnée. Cette vision éveilla en moi un étrange sentiment, que je m'empêchai de chasser, me tournant vivement vers Axelle.
Que lui dire ? Je n'en savais rien. Je n'avais pas envie de lui parler. Je n'avais pas envie de rentrer.

"Axelle, malgré tes paroles, je sais que tu culpabiliseras un jour. Aurais-tu oublié que sans moi tu serais morte à leur qu'il ait ?"

Je passai sous silence que si cela était arrivé, je ne serai jamais aller pleurer sur sa tombe. Non pas parce qu'elle me rappelait trop de choses, parce que je n'avais pas envie de perdre mon temps. Parce que c'était comm ça, voilà tout.